20141124

GRÜN



Quand j'était petit et que j'admirais les voitures, soyons clair, ce que j'appréciais tout particulièrement c'était leur pouvoir d'aller vite.
xXx
When I was a kid, let's be honest, if I loved cars it was for their ability to be fast.




[FRANÇAIS]

La vitesse, les dérapages plus ou moins contrôlés et autres figures défiant les lois de l'adhérence, étaient des trucs fascinants que des années de films et séries télé, principalement américains, avaient fait entrer dans ma petite cervelle de ciné-téléphage joyeux aux yeux grands ouverts. Dans ces conditions, les reines de mon panthéon étaient forcément des machines à la fois racées et bestiales dont les lignes tendues ou body-buildées trahissaient des performances hors norme. Je n'avais même pas d'yeux pour les bombinettes alors en vogue, les GTi et compagnie, non, moi celles qui me faisaient dresser les poils sur les bras s'appelaient Ferrari 288 GTO, Lamborghini Countach, Renault Alpine A310 V6, Porsche 930, BMW M1, De Tomaso Panthera, etc. Etc. Autant vous dire qu'une BMW série 3, au milieu des années 80, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Pour moi c'était un joli coup de crayon, certes, mais mes yeux d'enfant ne soupçonnaient pas le moins du monde son caractère de missile sol-sol… Enfin, ça, c'était avant la M3.
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[ENGLISH]

Speeding, skidding and defying the natural laws were fascinating stuff that got into my mind by watching way too many American TV series and films.  The queens of my own little world were racy and sporty machines with edgy bodywork where there was no ambiguity about their outstanding performance. Forget about all the little popular sporty machines like the GTis. To me, the only ones that would make me shiver were the Ferrari 288 GTO, Lamborghini Countach, Renault Alpine A310 V6, Porche 930, BMW M1, De Tomaso Panthera etc etc!  So, let me tell you that right in the middle of the 80s I didn't care much about a BMW 3 Series. OK it was a good looking car but my childish eyes couldn't really imagine its missile potential … Well, that was before the M3.
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[FRANÇAIS]

La BMW M3, première du nom, a fait l'effet d'une bombe dans mon garage de rêve. Des ailes élargies, un aileron arrière évocateur, et hop ! La berline tendance du jeune cadre dynamique était devenue un monstre dévoreur d'asphalte à l'effet visuel inédit. Exit les longs reptiles affutés aux nez pointu et à la ligne rase moquette. J'avais sous les yeux une berline tri-corps. Une berline tri-corps ! C'est avec elle que j'ai découvert une autre façon d'admirer les voitures, comme un univers parallèle à celui des supercars de rêve. Ce nouveau monde était beaucoup moins ostentatoire que le premier, il mélangeait la classe statutaire de la voiture à coffre avec l'agressivité typique de la voiture de rallye, le tout avec une discrétion toute relative. Avouez qu'il est difficile de passer inaperçu dans une Ferrari rouge vif hurlant des vocalises italiennes… Tandis qu'une M3 grise…

Cette M3, mouture E30 fut donc mon ticket d'entrée vers un univers automobile un peu plus adulte que celui des dream cars. OK, on ne peut pas dire que ce soit la sobriété ou la discrétion incarnée, mais elle est issue d'un modèle "populaire" très courant sur les routes et elle m'a fait me rendre compte qu'il y avait là, tout autour de moi, tout un monde d'engins aussi attirants que fréquentables. il fallait juste regarder un peu mieux pour voir le potentiel-plaisir de chaque voiture. Parce qu'elles en ont toutes un. Quoi qu'il en soit, cette révélation automobile me laissa à tout jamais marqué par un faible pour la mythique série trois de la marque bavaroise. Enfin, pour la version E30, pour être plus précis, parce qu'en 1994, je dois dire que j'ai été très déçu par sa remplaçante, la E36.
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[ENGLISH]

The BMW M3, the first one, exploded like a bomb in my dream garage.  Its wide bodywork and its particular spoiler really transformed the typical executive car of the mid 80's into a street monster with a strong visual impact.  No more long reptiles with sharp noses crawling along the streets.  I was looking at a sedan!  With this BMW I discovered a new way to look at cars.  It was like a parallel universe opening up to me.  A whole new world a lot less ostentatious that would still mix some common family car features with the typical aggressiveness of the rally stars.  All of that in a relatively discreet robe.  You must admit that it's very difficult to hide a vivid red Ferrari screaming like an Italian diva in the traffic … but a grey M3 ….

This M3, in its E30 version, was my ticket to an automotive world that was a bit less childish and a little more adult.  Still, I must admit that she was not so sober or so discreet!  But she derived from a popular model that one could see pretty much anywhere and she let me realise that there were a whole load of cars that weren't so obvious yet were still attractive and interesting. It taught me how to see the pleasure factor in pretty much every car because, yes, every car has got one.  Anyway, this revelation left me with an eternal soft spot for the mythical Bavarian sedan called '3 Series'.  Well, like I said, in its E30 version because later, in 1994, I was really disappointed by its successor – the E36.
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[FRANÇAIS]

Moins anguleuse tout en étant plus torturée, la ligne de la série 3 de ce milieu des années 90 avait tout pour me décevoir. La magie de la simplicité n'y était plus. Et que dire de la nouvelle M3 ? Pire. Bien pire. Fini les ailes élargies et le faux air de canaille de bonne famille. La seule chose qui la distinguait en un coup d'œil du modèle de grande série : les rétro-viseurs. Et pourquoi pas la forme du cendrier pendant qu'on y est ? Bref, pas le choix, j'ai dû faire l'impasse. Devenant adulte, je me suis rabattu sur des modèle plus accessibles, mais avec un je ne sais quoi de décalé et je me suis payé une Volvo 480. Mais ça c'est une autre histoire. Pour revenir à celle qui nous intéresse, d'histoire, ce rapport d'amour-haine que j'entretiens pour la BMW M3 version E36, il faut faire un bon en avant de vingt ans.

Printemps 2014, je croise paisiblement au guidon de ma R80RT sur une avenue locale lorsque mon regard est attiré par un coupé sombre et relativement bas, garé au chausse-pied entre deux armoires normandes répondant à l'infâme dénomination de "véhicule utilitaire". Pas le temps de bien voir mais mon instinct me dis qu'il y a quelque chose, et que je vais rater une opportunité si je poursuis ma route. Hop hop ! Coup d'œil dans le rétro, double check en me retournant et demi-tour en toute sécurité (je suis un conducteur plutôt prudent, c'est pas parce qu'on aime les bécane et les bagnoles qu'il faut se la jouer Bo et Luke Duke chaque fois qu'un truc excitant se présente). Bref, je reviens sur mes pas et je gare ma moto à côté d'un coupé BMW E36 vert-à-peu-près-anglais et surtout estampillé "M3 GT N°345"… Et j'en reviens pas, c'est une E36 et je la trouve très belle. Elle a ce je ne sais quoi de monstrueux dans l'attitude. Est-ce un tuning réussi (ce qui, soyons honnête, est rarissime par chez moi) ? Où est-ce un véritable collector ? Sur le trottoir opposé, se trouve un café avec pas mal de monde en terrasse. On ne sait jamais, avec un peu de chance… Et bim ! Je tombe sur José, le propriétaire, qui m'avait repéré entrain de tourner autour de sa voiture. La conversation s'est tout de suite bien engagée, principalement pour deux raisons. Un, José fait de la boxe ; et deux, il a bien vu que je roulais en R80RT. Et franchement, rouler en R80RT, c'est une vraie carte de visite sur laquelle est écrit "gentleman chic et de bon goût". Mais bon, la n'est pas la question. J'échange quelques formules de politesse avec José et nous voilà parti à discuter de sa voiture, et surtout, se rencarder pour une séance photographique digne de l'objet. Et quel objet !
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[ENGLISH]

Less angular yet more complicated, the new BMW design from the mid 1990's had nothing going for it. The magic of simplicity was gone. And what about the M3?  Worse … a lot worse! No more wide body work and, most of all, no more attractive bad boy looks.  The only things that would make her stand out from the original model were the wing mirrors.  So I had no choice but to give up.  Becoming an adult I just got back to my good old Super Cars and, as a driver, I got back to some more affordable, yet still original, stuff and bought a Volvo 480 ….. but that's another story.

So let's get back to what matters here.  My love / hate relationship with the BMW M3 E36.  And for that we have to make a 20 year jump in time...

Spring 2014 – I'm peacefully riding my BMW R80RT on a local avenue when my eyes were caught by a dark green low standing thing parked between two infamous utility vehicles.  I didn't have the time to see properly but my instinct told me that if I kept going I would miss something.  So I had to slow down, look in my mirrors, double check and do a U-turn (I'm quite a prudent rider - just because I love cars and bikes it doesn't mean that I have to play it like Bo and Luke Duke every time something exciting shows up).  So I got back there, I parked my bike and looked at the green thing.  Which was a dark green BMW E36 on which was written 'M3 GT n. 345'.  To start with I didn't believe it – it was an E36 and I was finding it really gorgeous.  She had that aggressive something in her stance.  Was it a well done pimping job (let's face it – it's impossible around here) or was it a real collectors item?  On the opposite pavement was a café with quite a few people on the terrace.  So we never know – maybe with a bit of luck … And there he was!  José, the owner of the car, asked me what I wanted because he'd seen me turning around his BMW.  The conversation went very well – mainly for 2 reasons: Firstly – I was very polite because José is a boxer!  Secondly – because he saw that I was riding an R80RT.  And you know – riding that bike is like holding a board saying “I'm a gentleman, I'm dapper and I have good taste”!  But anyway, I talked and talked and talked with José and in the end we agreed to meet up one of these days for a photo shoot.
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[FRANÇAIS]

Une M3 GT, c'est comme une M3 sauf que c'est mieux. C'est la M3 qui fait oublier tous les défauts stylistiques de sa version. Elle est bestiale, rare et spéciale. Contrairement à sa sœur M3 de base, celle-ci est plus légère de 30 kg, la puissance monte à 295 cv et la vitesse de pointe n'est pas limitée éléctroniquement (ce qui était alors systématique chez BMW)… Il faut dire que cette M3 est sortie à seulement 356 exemplaires, en vue d'une homologation course, notamment pour les championnat FIA-GT classe II et IMSA GT. Forcément, valait mieux pas brider ses performances… Donc pas de rupteur à 250 km/h, mais une vraie une belle vitesse de pointe de 275 km/h ! Une seule couleur était disponible : la fameuse livrée verte. Une base populaire, un caractère exclusif, la magie BMW en terme de comportement routier et d'agrément moteur, une petite touche d'agressivité esthétique et vous avez une vraie M3 ! La rareté et la confidentialité en plus, et vous avez une légende urbaine, ce qui à mon goût est bien plus intéressant et passionnant qu'un monstre sacré. J'avais à peu près autant de chance d'en croiser une dans la rue - et de la reconnaitre - que de photographier le monstre du Loch Ness en Himalaya.
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[ENGLISH]

An M3 GT is just like an M3, only it's better!  It's the M3 that will make you forget all the bad things about its current version.  She is monstrous, really special and a limited edition.  Unlike its sister – the basic M3 – this one is 30kg lighter, its power goes up to 295 bhp and its top speed isn't electronically limited (as was the standard for BMW).  To explain - only 356 M3 GT were produced (50 right hand drive for the UK) as a homologation series special build in order to let the car compete in the FIA-GT class 2 and IMSA GT championships.  So, you understand, they had better not limit her performance and let her do a good 275kph (170+ mph) top whack! The M3 GT was available in only one colour - 'British racing green' (#312 colour reference) with a Mexico green leather interior.  A popular base but hot headed, with the BMW magic in terms of road holding and engine performance – a little touch of aesthetic aggressiveness and you've got a real M3.  Add to it a very limited availability and you've got an urban legend which, in my humble opinion, is a lot more interesting than a proper superstar.  It was very unlikely that I'd come across one in the street and actually recognise it.  It would have been easier to go and take a photo of the Loch Ness monster in the Himalayas!
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[FRANÇAIS]

Alors oui, j'aime toujours la Ferrari 288 GTO, mais j'aime aussi cette idée que sous certains capots plus discrets se trouvent des objets de passion qui ne vous sautent pas aux yeux. Des engins moins ostentatoires mais qui ne sont pas pour autant dénués d'histoire. Et, allez savoir pourquoi, tout ça me fait me sentir terriblement vivant ! J'aime par dessus tout la sensation que donne la passion, cette façon dont elle fait battre le cœur et ouvre l'esprit, dont elle nous nourri et nous cultive en faisant turbiner notre cerveau… Et quand je pense que je l'aimais pas du tout cette BMW E36, et quand je pense que cette rarissime M3 GT était garée entre deux fourgons… Et quand je pense que deux minutes avant de la découvrir, si on m'avait parlé de M3 E36, j'aurais exprimé mon dégoût avec conviction ! Il n'y a que les imbéciles qui… C'est mon avis depuis toujours.
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[ENGLISH]

I won't deny it – I still love the Ferrari 288 GTO - but I also love the idea that under some very discreet bonnets one can find objects of passion that are not so obvious.  Some cars can look pretty common but they still have a fascinating history and God knows why but all these things make me feel so alive!  What I love most of all is to feel the passion and the way in which it makes my heart beat and opens my mind.  It makes me use my brain and when I recall it I remember that I used to hate this BMW E36.  And 2 minutes before I saw this particular sample, if you'd asked me about the E36 M3, I'd have strongly expressed how ugly and uninteresting this car was.  But you know what they say – only idiots never change their mind …. I always thought that was true!
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Merci José, pour m'avoir laissé jouer avec ta caisse, et pour ta patience !
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And a special credit to my dear Nicky for the precious help in translating all this!

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